Il y a presque deux ans déjà, je m'interrogeai sur la
photographie d'une jeune femme aux yeux clairs et aux cheveux châtains, vêtue à
la mode des années 1870 ou 1880.
Il s'agissait d'une photo au format carte de visite, émanant
du studio Disdéri, mais deux détails me titillaient : les initiales sur le
support cartonné (je croyais lire HD, alors que le célèbre photographe du XIXe
siècle se prénommait André Adolphe Eugène) et l'adresse du 6, boulevard des
Italiens, alors qu'à ma connaissance le studio se trouvait au
numéro 8 !
Eugénie Caperet Collection personnelle |
L'interrogation resta en suspens. Et puis, comme je suis
dépositaire d'un bon nombre de photos de famille, en mai de cette année je me
décidai à acquérir un fascicule intitulé Reconnaître
les photos et cartes postales anciennes(1).
J'y ai découvert l'existence de plusieurs ouvrages fort utiles pour dater avec
précision les clichés. L'un d'eux attira tout de suite mon attention : le Répertoire des photographes parisiens du
XIXe siècle, de François Boisjoly, aux Éditions de l'Amateur, paru en 2009.
Un petit tour sur Internet et me voici en possession
quelques informations supplémentaires : il s'agit d'un ouvrage broché de
près de trois cent pages, au format imposant et d'un prix relativement élevé,
même d'occasion. Beaucoup trop récent pour être accessible en ligne sur
Gallica. Et s'il était consultable en bibliothèque ?
Couverture du Répertoire des photographes parisiens |
Je poussai plus loin les recherches… et c'est ainsi que j'ai
accédé à deux sites intéressants. Je vous détaille l'affaire, car elle peut
vous être utile.
Le Catalogue
collectif de France
Je tape d'abord "rechercher un livre dans une
bibliothèque" dans mon moteur de recherche préféré et j'arrive sur le
guide de recherche en bibliothèque de la BnF.
1) Je lis le paragraphe intitulé "Localiser des livres
hors BnF".
2) Je clique sur "Catalogue collectif de France"
et je me retrouve sur une page de bienvenue, où je tape le titre du livre dans
la case prévue à cet effet.
3) J'obtiens quatre résultats, dont le premier correspond à
l'ouvrage recherché.
4) Je clique sur le titre en question et j'obtiens les
diverses cotes du livre à la BnF sur les sites Tolbiac et Richelieu, des
localisations à Grenoble, Roanne et Montpellier et une liste de 25 lieux
répertoriés par le SUDOC (Système Universitaire de DOCumentation). En cliquant
sur chaque ligne, on accède à quantités d'informations pratiques sur l'accueil
réservé ou en libre accès, les catalogues, la localisation, les horaires
d'ouverture… bref, une mine pour les chercheurs.
Les Archives de Paris
Deuxième piste à ma disposition. Tout en bas de la page
d'accueil de leur site, figure une rubrique Bibliothèque.
1) Je clique sur "Consulter la rubrique".
2) Je choisis "Livres et revues", puis "Lire
la suite".
3) Je sélectionne "Catalogue informatisé commun aux
bibliothèques municipales spécialisées".
4) Tout en bas de la page de la bibliothèque des Archives,
je choisis "Catalogue" et je clique sur "Recherche simple".
5) Je tape le titre du livre et j'obtiens deux résultats,
qui correspondent à ce que je recherche, ainsi que la localisation des ouvrages :
ils sont consultables non seulement aux Archives de Paris, mais dans plusieurs
autres bibliothèques de la capitale. Je n'ai que l'embarras du choix !
Les informations
contenues dans le Répertoire
J'ai donc profité d'une récente expédition boulevard
Sérurier pour consulter (enfin !) le fameux livre en question. Il figure
en accès libre, sur les rayonnages de la bibliothèque qui sépare la salle de
lecture de l'espace dédié à la consultation des microfilms. Et là, bingo !
Trois articles sont consacrés à la famille Disdéri.
Le premier concerne évidemment André Adolphe Eugène Disdéri
et narre l'ensemble de sa carrière professionnelle. J'y apprends qu'en 1874, il
déménage du 8 au 6bis boulevard des Italiens. Tiens, tiens ! Et
c'est en 1877 qu'il vendra sa firme à un certain Délié (qui se proclamera
successeur de Disdéri).
Le second article est consacré à son épouse Geneviève
Francardt, que Disdéri a quelque peu délaissée, semble-t-il, et qui exerça
l'activité de photographe à Brest puis à Paris, après le départ de son mari
pour Nîmes.
Le troisième article, enfin, est dédié à un certain Léonard
Disdéri(2).
J'y relève les informations suivantes : "Début d'activité 1875. Plaque sèche. Photographe de studio. Peut-être
un fils que Eugène Disdéri a eu avec une Parisienne. Ils travaillent ensemble
au 6, boulevard des Italiens."
Retour à la photographie, maintenant : à y regarder de
plus près, les initiales ressemblent fort à un L, un H et un D entrelacés… elle
a donc vraisemblablement été réalisée entre 1875, début d'activité de Léonard
Disdéri, et 1877, date de la vente de l'entreprise familiale à un successeur.
Agrandissement de l'inscription |
Subsiste une ultime question : la jeune femme de la
photo, identifiée comme étant Eugénie Caperet, l'une de mes arrière-grand-mères
maternelles, est née à Pau, s'y est mariée et y a donné le jour à sept
enfants ; alors, à quelle occasion cette photo a-t-elle été prise dans un
studio parisien ?
(1) Sandrine Sénéchal, Thierry Dehan, Savoir
reconnaître les photos et cartes postales anciennes, Archives &
Culture, guides de généalogie, 2012, 80 pages.
(2) Par
curiosité, j'ai essayé de trouver l'acte de naissance de Léonard Disdéri à
Paris dans l'état civil reconstitué. Sans succès : il n'y a pas de fiche à
ce prénom.
Vous pourriez aussi taper "WORLDCAT" (world catalogue) et completer le bordereau de recherche avec les informations du livre que vous cherchez. J'ai fait l'experience avec votre livre. Vue que j'habite aux Etats-Unis, j'ai ainsi trouve les bibliotheques qui ont ce livre. Je peux maintenant aller a la bibliotheque de Baylor University, la plus pres de chez moi, ou bien essayer d'obtenir le livre par pret "interlibrary" depuis ma petite bibliotheque locale. Cette bibliotheque a meme deux exemplaires de ce livre, probablement pour leur departement des arts. Peut-etre que cette information interessera d'autres lecteurs de votre blog. Annick
RépondreSupprimerMerci pour cette information qui dépasse les frontières de l'hexagone.
SupprimerMerci pour le partage de cette recherche très intéressante !
RépondreSupprimerJ'adore ce genre de recherche où on arrive à trouver la réponse à une question en recoupant pleins de petits indices :-)
A bientôt,
Elise
C'était une véritable enquête policière...
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerJe travaille depuis plusieurs années sur la famille Disdéri et plus particulièrement sur Elisabeth Francart-Disdéri et vous pouvez lire sa notice sur mon blog "ellesaussi". Pour la photographie je remarque que c'est une toute jeune fille représentée donc peut-être un portrait à l'occasion des fiancailles et lors d'un voyage à Paris? Pour le monogramme je pencherais pour "A" "D" entrelacés. Il semblerait avoir été "gratté" et lisible en "H". Mes recherches ne m'ont pas permis de trouver de naissance "Léonard Disdéri". Le fils se prénomme "Jules".
Cordialement,
M-F Bastit-Lesourd
Effectivement, en y regardant de plus près, le A semble avoir été tronqué.
RépondreSupprimerBonjour, merci pour cette article. J'ai une veille photo avec exactement le même cadre, Disderi, 6bd des Italiens et les mêmes initiales. Je ne comprends pas non plus pourquoi Paris. Mes ancêtres venant soit de Bayonne soit de Saint Uean Pied de Port. Peut être des photographes itinérants ?
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