lundi 22 octobre 2018

L'objet mystérieux

Figurait-il sur le bureau de mon père, parmi les accessoires d'écriture ?

Était-il exposé dans la niche du salon, encastrée dans le mur du fond ? La partie basse de cet espace formait un placard dans lequel ma mère rangeait les verres en cristal destinés à l'apéritif et aux digestifs. Les tablettes en verre de la partie haute permettaient d'exposer ces menus objets qui font la joie des collectionneurs et des antiquaires, sous le terme d'objets de vitrine… et le cauchemar des personnes chargées de traquer la poussière !

À moins qu'il ne fût rangé sur l'une des étagères de la bibliothèque, derrière ses portes vitrées, dans l'espace laissé libre devant les volumes du Dictionnaire encyclopédique d'Aristide Quillet[1], espace peu à peu envahi par des poupées en costume folklorique des provinces françaises, fort à la mode durant mon enfance. Je me souviens par exemple d'un petit berger landais monté sur échasses, coiffé d'un béret et enveloppé d'une veste en mouton, mais je m'égare.

C'était un objet si familier que je n'ai jamais pensé à questionner mes parents sur son véritable usage. J'étais persuadée qu'il s'agissait d'un coupe-papier. Je pense même avoir vu mon père l'utiliser pour ouvrir son courrier, glisser la pointe dans l'interstice laissé libre par la colle de l'enveloppe et fendre d'un geste précis le rabat de celle-ci.

L'objet en question, d'une quinzaine de centimètres de long, a la forme d'un petit poignard. La lame en est glissée dans un fourreau gainé de cuir noir, orné de deux anneaux dorés.

Collection personnelle

Je l'ai retrouvé dans la "malle aux trésors", ces quelques caisses où j'ai rangé les objets que je souhaitais garder, lorsque j'ai vidé l'appartement palois où mes parents avaient passé les dernières années de leur vie.

J'y ai également retrouvé l'insigne de pilote de l'armée de l'air de mon père[2] et c'est en cherchant à en apprendre davantage sur le sujet que je suis tombée sur une photo[3] qui m'a mis la puce à l'oreille. Elle présente les décorations et souvenirs d'un certain Pierre Larzillière qui fut pilote durant la Première Guerre mondiale : épaulettes, médailles et décorations, dont la Légion d'honneur, insignes… et ce fameux petit objet qui m'intrigue tant.

J'ai effectué des recherches sur internet, posé quelques questions autour de moi, j'ai même poussé la porte d'une boutique de la galerie Montpensier, spécialisée dans les médailles et décorations, tout cela sans succès jusqu'à présent. Voyons si les personnes qui me font l'honneur de me lire seront plus perspicaces…



[1] Je découvre avec surprise que ce dictionnaire, dans son édition originale de 1934, ne comprenait que six volumes : dans ma mémoire, il me paraissait beaucoup important.

[2] Brevet de pilote n°21977 du 15 septembre 1928.

[3] La photo est visible à l'adresse suivante : http://albindenis.free.fr/Site_escadrille/escadrille087.htm

3 commentaires:

  1. Pour moi, c'est clairement un coupe papier.

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  2. Autrefois les pages des livres étaient imprimées sur une grande feuille. Il fallait un coupe papier pour les lire. Cet objet pouvait être précieux et utile.

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  3. J'ai longtemps cru que c'était un coupe-papier, moi aussi, mais il semblerait que ce soit une dague de sous-officier de l'armée de l'air, ce qui est cohérent : mon père avait le grade de sergent. J'attends de plus amples informations des personnes qui m'ont mis sur la piste.

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