lundi 14 mars 2016

La blessure d'Achille Maitreau

L'un de mes arrière-grands-pères, militaire de carrière, fut blessé le 1er septembre 1870, aux environs de Sedan. Bataille qui provoqua la reddition de l'armée française et la chute du Second Empire.

J'ai d'abord eu connaissance de cette blessure en effectuant une recherche sur le patronyme Maitreau dans Gallica. Je tombai sur un ouvrage intitulé Français et Allemands, histoire anecdotique de la guerre de 1870-1871(1), dans lequel je lus ce paragraphe :

"Le 58e de ligne bat en retraite en tirailleurs et par échelon, vu le grand nombre de projectiles ennemis qui balaient le terrain, et perd un officier tué, le capitaine Lesbros, et sept blessés ; le commandant Bellegarrigue ; le capitaine adjudant-major Ballite ; les capitaines Maitreau, Haraucourt ; les lieutenants Lombarès, Cabaret, et le chef de musique Sonnier."

Récit factuel, qui ne donne aucun détail sur la nature et la gravité des blessures.

Source Gallica

J'en apprendrai un peu plus en consultant le dossier de pension d'Achille Maitreau au Service historique de la Défense, à Vincennes. Un premier feuillet, intitulé Situation militaire de M. Maitreau Achille André, capitaine, depuis l'origine de la guerre jusqu'à la fin de la lutte contre l'insurrection fournit ces précisions : "Etait au combat de Mouzon. Etait à la bataille de Sedan. A eu le bras droit brisé par une balle à cette dernière affaire le 1er 7bre."

Et, au-dessous, à la rubrique Situation de l'officier durant l'insurrection de Paris : "Etait aux ambulances pendant l'insurrection." Le tout peut-être de la main d'Achille Maitreau, en tout état de cause signé par lui et contresigné par un lieutenant-colonel.

Dans le même dossier de pension, je trouve un extrait du cahier de notes daté de juillet 1871, où figure ce paragraphe : "Caractère énergique, s'est parfaitement montré pendant la campagne où il a été blessé grièvement au bras droit, ce qui le gêne probablement dans le service actif."

L'année suivante, dans le document daté d'août 1872 : "Est en ce moment aux Eaux pour la blessure qu'il a reçue à Mouzon et demande sa retraite." Un autre feuillet ajoute cette précision : "Atteint le 1er septembre à la bataille de Sedan d'une balle au bras droit qui est sortie en lésant les os sur son passage."

Je commençais à me faire une idée plus précise de la blessure. Et puis, le mois dernier, en explorant les richesses inattendues de la presse locale et régionale, j'ai déniché cet article dans L'Indépendant des Basses Pyrénées daté du 12 septembre 1870 :

"On nous communique la lettre suivante d'un brave officier du 58e :

Monsieur,
J'ai reçu la douloureuse mission de vous informer que M. Maitreau a été blessé à la bataille de Sedan, au bras droit à 15 centimètres de l'épaule. Cet accident quoique grave, n'a nullement affecté le moral de mon brave capitaine. Je suis allé le voir à l'ambulance du collège à Sedan, où il restera probablement jusqu'à sa guérison. Le docteur Didelot lui a posé un appareil : suivant la remarque que j'ai pu faire en allant le voir deux ou trois fois avant de partir en captivité, il y a lieu d'espérer que sous peu de jours il ira très bien. La guérison sera longue mais elle est certaine."

La lettre se poursuit sur les malheurs du temps. Elle est signée Clapot, sous-lieutenant à la 2e compagnie du 1er bataillon du 58e de ligne, prisonnier de guerre. C'est peut-être cette dernière pièce du puzzle qui permet d'avoir une vision d'ensemble de l'affaire.




(1) Dick de Lonlay, Français et Allemands, histoire anecdotique de la guerre de 1870-1871, Paris, Garnier frères, 1887

4 commentaires:

  1. C'est fantastique de retrouver une telle lettre ! J'adore ce genre de puzzle. En tout cas, bravo pour la reconstitution.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, j'ai eu beaucoup de chance. La presse locale est une source inépuisable pour enrichir l'histoire de nos ancêtres.

      Supprimer
  2. Je n'aurais jamais imaginé qu'on puisse retrouver de telles précisions dans la presse. Et en plus, l'affiche est magnifique ! Ta patience et ta persévérance ont été bien récompensées.

    RépondreSupprimer
  3. Bravo Dominique pour ces belles recherches ! Et ce très beau récit !

    RépondreSupprimer

Votre commentaire sera publié après approbation.