C'est l'un des documents les plus importants de ma
collection personnelle à plus d'un titre.
Par son ancienneté, tout d'abord : il est entièrement
de la main de mon arrière-arrière-grand-père François Morel, né le
22 novembre 1800 à Peyrus (Drôme), au pied du plateau du Vercors, et
décédé à Pau le 11 novembre 1871, quelques jours avant son soixante et
onzième anniversaire. Je pense qu'il en entama la rédaction après le
30 septembre 1854, alors qu'il venait de faire valoir ses droits à une pension
de retraite militaire, et qu'il le compléta quelques années après.
Carnet Morel, source Archives personnelles |
Par sa longueur, ensuite : plus de 80 pages, même
si une petite vingtaine ne comporte qu'un numéro, sans aucune ligne d'écriture.
Le cahier a une étiquette écrite à la plume, collée sur la couverture
cartonnée, deux pages de garde indiquant la nature du contenu et l'identité du
rédacteur, ainsi qu'une table des matières fort détaillée, permettant un suivi
chronologique de 1821 à 1854 et deux ajouts en fin de volume, l'un de 1855 et l'autre
de 1860.
Par son contenu, enfin : il résulte d'une démarche
volontaire, non exempte de fierté à mon avis, et résume en quelques feuillets
toute la vie de mon ancêtre, de son entrée dans la vie active jusqu'aux
premières années de sa retraite. Une reconstitution de carrière, à travers les
diplômes, les lettres, les ordres de mission et les états de services de celui
qui passa la grande partie de son existence dans les services de santé de
l'armée.
Je ne peux m'empêcher de penser que François Morel,
bachelier ès lettres, docteur en médecine et chevalier de la Légion
d'honneur, y voyait la preuve d'une formidable ascension sociale. N'oublions
pas que ses parents étaient tous deux illettrés, même si, devenus aubergistes,
ils eurent sans doute les moyens de financer tout ou partie de ses études.
J'imagine également la chaîne des dépositaires successifs
pour que ce cahier parvienne jusqu'à moi : dans un premier temps Marie
François, l'épouse de François Morel, décédée en 1887, puis Eugénie Morel, sa
fille, mon grand-père Maurice Maitreau ensuite, décédé en 1939, puis ma
grand-mère Julia qui survécut vingt-sept ans à son mari, puis ma mère…
Étonnamment, je ne me souviens pas précisément du moment où
je l'ai eu entre les mains pour la première fois. Était-il rangé avec d'autres
papiers de famille dans le curieux sac de voyage en cuir à fermeture
métallique, appelé "squaremouth", qui appartenait à ma
grand-mère ? Sans doute.
Je ne l'ai lu avec attention que le jour où j'ai commencé à
m'intéresser de près à la généalogie. Au fil des pages, j'ai tenté de
reconstituer le parcours de mon ancêtre d'une ville de garnison à une autre,
tant en France métropolitaine qu'en Algérie, où il fit deux séjours successifs,
le premier de 1842 à 1845 et le second de 1846 à 1851.
Ce cahier m'a également permis de prendre connaissance de
quelques événements clés : sa naissance (l'un des tout premiers actes que
j'ai obtenus, en passant à l'époque par l'entraide de FranceGenWeb), son
mariage avec Marie François… il a donc orienté mes premières recherches.
J'en avais également scanné quelques pages, pour illustrer
mes sources dans Heredis, sans tout à fait prendre conscience que ce document
fragile avait vraisemblablement environ cent soixante ans ! À manipuler
avec précaution, donc. Lorsque je l'ai ressorti de sa pochette, ces jours-ci,
j'ai pris le taureau par les cornes et je l'ai entièrement scanné, page après
page, de façon à pouvoir désormais le consulter sans risque sur l'écran de
l'ordinateur.
J'ajoute que je ne suis qu'un maillon de la chaîne et que
j'ai bien l'intention de le transmettre un jour à mon fils, qui le remettra à
celui de ses enfants qui se passionnera le plus pour l'histoire.
Quel document ! En 1800, aucun de mes ancêtre ne signe, donc écrire n'en parlons pas ! (sauf peut-être celui qui faisait des contrefaçons de monnaies).
RépondreSupprimerBel article. Quelle chance vous avez de posséder un pareil document !
RépondreSupprimerCela me rappelle une histoire sur le merveilleux trésor des Atlantes. Certains cherchaient des pierres précieuses, de l'or, de l'argent et s'étaient retrouvés déçus parce que la vraie richesse résidait dans des livres, de la sagesse, l'histoire des anciens. Petit bonheur d'avoir un pareil bijou dans sa malle aux trésors. Merci de l'avoir partagé un peu
RépondreSupprimerJe ne peux qu'approuver les commentaires d'Elodie, de Jean-Michel et de Cedeca !
RépondreSupprimerMerci pour le partage !
Super Dominique ! C'est une chance d'avoir ce souvenir de famille ! Cela ressemble à mon doc du mois...
RépondreSupprimer@Elodie, Jean-Michel, Cedeca, Evelyne, Marine et les autres…
RépondreSupprimerOui, je crois que j'ai beaucoup de chance d'avoir ce document entre les mains, mais je suis sûre que chacun et chacune d'entre vous ont également des trésors généalogiques.
Et puis, il faut être accro à la généalogie pour en apprécier la valeur : pendant des années, je n'y ai pas prêté attention plus que ça !