lundi 27 mai 2013

Un peu d'organisation, que diable !


Quatre ans déjà que je me suis lancée dans la généalogie… Il est peut-être temps de faire le point, avant de poursuivre plus avant.

Source Photopin

J'ai créé ma première fiche Heredis le 29 mai 2009 et, si je jette un œil sur le "dictionnaire des sources" de ma base de données, je peux reconstituer assez facilement le cheminement qui a été le mien au cours des premiers mois de recherches : exploitation des papiers de famille, courriers aux mairies pour obtenir copie de certains actes, recours à l'entraide de FranceGenWeb et enfin plongée dans les registres mis en ligne par les archives départementales.

Pour être tout à fait franche, tout avait commencé à l'automne précédent, après quelques jours passés dans le Sud-Ouest. L'une de mes cousines avait profité d'un anniversaire pour organiser une grande réunion familiale et ces retrouvailles servirent de déclencheur. J'exhumai le carton aux trésors, rapporté de Pau quelques années plus tôt, et je me lançai dans le tri des photos anciennes, en pestant contre ceux qui avaient indiqué le nom des chevaux, en omettant celui des cavaliers qui les montaient !

J'ai lancé quelques bouteilles à la mer et reçu des réponses à certaines de mes questions. J'ai commis quelques bévues sans gravité : je m'étonnai de recevoir une copie de microfilm en négatif (première gaffe) et je reçus par retour de courriel l'image d'un acte que j'aurais pu trouver par mes propres moyens (deuxième gaffe), si j'avais su que les archives départementales du Maine-et-Loire étaient en ligne. À chacun ses propres bêtises !

En regardant ainsi en arrière, je distingue plusieurs phases dans mes recherches.

J'ai d'abord tenté de remonter le plus loin possible dans le temps, sautant allègrement de branche en branche, au gré de l'apparition des archives numérisées sur la toile. Le passage des registres de l'état civil aux registres paroissiaux a été plus facile que je ne l'aurais cru. Merci aux curés et aux vicaires dotés d'une belle écriture. J'ai identifié tous mes ancêtres directs sur six générations (à l'exception de deux pères inconnus d'enfants naturels et de leurs quatre ascendants), plus des trois quarts sur les deux générations suivantes et, dans les cas les plus favorables, je me suis aventurée jusqu'à la fin du XVIe siècle. J'ai même découvert le nom de certains aïeux, fort peu nombreux il est vrai, qui seraient nés au temps où les Valois régnaient encore sur la France.

Bref, j'ai goûté aux joies de la généalogie ascendante, qu'elle fût agnatique ou cognatique (çà, c'est pour faire chic). Et j'ai touché du doigt les limites des recherches dans les registres paroissiaux.

Bien sûr, en remontant du baptême d'un enfant au mariage de ses parents, j'avais relevé au passage des actes relatifs à ses frères et ses sœurs. J'ai donc entamé la deuxième phase, en tentant de reconstituer dans toute la mesure du possible les fratries complètes. Et cherché à savoir s'ils avaient atteint l'âge adulte, s'étaient mariés, avaient eu des enfants à leur tour… C'était parti pour la généalogie descendante et pour l'exploration des branches collatérales, génératrices de multiples cousins.

Tout cela dans un joyeux désordre, au gré de mes envies et de mon attirance plus ou moins forte pour une région, de mon humeur et de mes disponibilités. D'ailleurs, si je distingue deux phases, c'est pour la clarté de l'exposé, mais en réalité je passe allègrement de l'une à l'autre. Je suis loin d'avoir rempli toutes les cases correspondant à mes ascendants, loin d'avoir complété toutes les fratries et, de surcroît, je me suis parfois promenée sur des chemins non balisés, attirée par un prénom original, un patronyme exotique ou une mention insolite.

J'ai compulsé à maintes reprises le classeur où j'ai rangé les notes prises lors de la lecture des registres paroissiaux (triées par ordre alphabétique de commune) et celui où j'ai rangé les fiches issues de Geneanet (triées par ordre alphabétique de patronyme). J'ai surligné en jaune les actes dont j'ai fait une copie écran et les ai cochés en rouge lorsque j'en ai saisi les données dans Heredis. Ces classeurs pourraient donc constituer à eux deux mon journal de recherches, si seulement j'avais eu l'idée de dater les notes ! Alors d'où vient ce sentiment d'insatisfaction ?

Eh bien, il me manque une vision d'ensemble. Quelles sont les branches ou les ancêtres sur lesquels je bloque et pourquoi ? quels sont les points sur lesquels j'ai des incertitudes et quelles sont les informations à collecter pour les valider ? Je ne vois qu'une solution : parcourir à nouveau la lignée de mes ascendants directs, couple par couple, et constituer pour chacun ce que, dans une autre vie, j'aurais appelé la liste des "points en suspens".

Et vous, comment procédez-vous ? Si vous avez une meilleure idée, je suis preneur.

lundi 20 mai 2013

Une sépulture oui, mais où ?


La pratique généalogique conduit notamment à rechercher dans les registres paroissiaux les actes qui ont jalonné la vie de nos ancêtres : baptême, mariage(s), sépulture.

Je vais vous entretenir aujourd'hui de celui qui met un point final à leur histoire ici-bas, l'acte de sépulture. Je suis incapable de dire combien j'en ai déchiffrés à ce jour, mais j'en ai environ 600 dans ma base de données (je parle bien des sépultures, et non pas des actes de décès figurant dans les registres d'état civil).

Intérieur église de Montaut, Pyrénées-Atlantiques
Collection personnelle
Le plus succinct, du moins pour les adultes, est certainement celui-ci, relevé dans le registre de la paroisse vosgienne de Bruyères au XVIIe siècle : "Adam doridan est mort le 28 septemb. 1678".

D'autres nous fournissent davantage d'informations sur l'âge, la situation de famille, le métier du défunt, ainsi que sur les témoins et sur leurs liens de parenté éventuels avec lui. Ils nous indiquent rarement les causes du décès, mais nous précisent parfois si l'intéressé a eu le temps de se confesser et de recevoir les derniers sacrements avant de rendre l'âme.

La formule est souvent la même : "L'an mil sept cent quatre vingt cinq le quatre décembre le corps de Alexis Laubret décédé d'hier … a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse par moi curé soussigné…".

Je passe sur la subtile distinction entre "petit cimetière" et "grand cimetière", je l'ai souvent rencontrée sans parvenir à déterminer si elle était liée à l'âge du défunt ou à sa condition. Je note qu'en Anjou certains curés employaient le verbe "ensépulturer", à la place d'inhumer (de loin le plus fréquent), d'enterrer ou d'ensevelir, alors qu'il semble avoir disparu des dictionnaires contemporains. À rapprocher sans doute du terme "sépultuaire" (pour cimetière) rencontré dans une paroisse de la Moselle.

Certains prêtres apportent des précisions sur l'emplacement de la sépulture. Ainsi dans le Maine-et-Loire, à Montilliers en 1713 pour Etienne Gourichon, "inhumé dans le grand cimetière vis à vis de l'entrée de la chapelle de Nostre Dame" ou dans la Manche, à Juvigny en 1706 pour Jean Bouillaud, dans le cimetière "au bout de l'église vers soleil levant".

Jean Germon, marchand décédé dans les Deux-Sèvres, à Moncoutant, en 1693, m'a permis d'enrichir mon vocabulaire. Son corps a été inhumé "sous le balet de l'église" ! Rien à voir avec les sorcières (oui, je sais, il faudrait écrire balai), le terme est employé dans le Poitou et dans la Vienne pour désigner la galerie couverte par un toit en saillie, devant l'entrée de certaines églises.

Et puis il y a ceux qui sont inhumés à l'intérieur même de l'église. En premier lieu les prêtres, bien sûr, comme René Charles Le Pegot et René Michel Libor, curés du Touchet, que j'ai évoqués dans un précédent billet(1). Mais pas seulement.

J'ai ainsi quelques ancêtres du Maine-et-Loire et des Deux-Sèvres qui furent inhumés en leur temps dans l'église de Concourson, dans celle de Saint-Clément-de-la-Place ou dans celle de Moncoutant. Aucune chance de trouver trace de leur tombeau, ces paroisses furent au cœur de la tourmente révolutionnaire et les édifices religieux ont été soit entièrement reconstruits au XIXe siècle, soit tellement restaurés qu'il ne subsiste plus trace de la période antérieure.

J'aurais peut-être plus de chance dans les Pyrénées-Atlantiques, mais je ne m'étais pas encore penchée sur la question, lorsque j'ai visité l'église de Montaut. Cette dernière date en partie du XVIe siècle. Peut-être suis-je passée sans le savoir près de l'endroit où furent inhumés deux enfants Arramonde, en 1760 et 1767, et leur grand-mère Marie Paillassat en 1771 ?

J'ai gardé pour la fin cette mention dans les registres de Bécon-les-Granits (Maine-et-Loire), où vécurent certains de mes ancêtres angevins. Elle concerne le vicaire de la paroisse(2) :
"Le dix neuf May mil six cent quatre ving neuf a esté ensepulturé dans
L'Eglise de Bescon proche le banc de la Rouletterie par nous prestre curé de
St Clement de la place soubsigné en presence de Maistre René Benoist prestre
Curé du dict Bescon le corps de venerable et discret maistre Damien de la Barre
prestre de la dicte Eglise de Bescon agé de soixante et huict ans huict mois
ou environ ont esté presents tous les soubsignés
"

Après un moment de perplexité, j'ai eu l'idée de regarder dans La France à la loupe(3) : la Rouletterie figure parmi les toponymes de la commune. Il s'agit d'un hameau ou d'un groupe d'habitations. Les paroissiens avaient-ils leur place réservée pour la messe et les fêtes carillonnées ? Probablement. Jean-Louis Beaucarnot(4) nous explique d'ailleurs dans un de ses livres que la location des bancs était une source de revenus pour l'église.




(1) En mars 2013, billet intitulé Donation à la paroisse de Touchet
 (2) AD Maine-et-Loire, Bécon-les-Granits, collection communale BMS 1683-1713 vue 91/479
 (3) Logiciel édité par BSD Concept, qui permet de localiser communes et toponymes sur la carte de France.
 (4) Jean-Louis Beaucarnot, Comment vivaient nos ancêtres ? Editions J'ai lu, p.12 à 15

lundi 13 mai 2013

Au voleur !


J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer ces mentions insolites, rencontrées au détour d'une page, dans les registres paroissiaux.

Aujourd'hui, je vous emmène à la Pouëze, dans l'actuel département du Maine-et-Loire. C'est un bourg situé à 25 kilomètres au nord-ouest d'Angers, qui comptait 142 feux vers 1720 et 165 feux au moment de la Révolution. Terre de prés, de vignes, de vergers, de bois et de landes, selon le Dictionnaire historique de Célestin Port.

Source AD Maine-et-Loire, La Pouëze

Le curé, Jean Veillon, a écrit ceci à la suite des vingt-huit baptêmes, cinq mariages et vingt sépultures inscrits dans son registre(1), l'année où Louis XVI devint roi de France :

"Cette année 1774 la nuit du 5 au 6
juin l'eglise de la pouese a été vollée.
c'est a dire le galon d'or et d'argent d'un
devant d'autel, de trois chasubles et d'une
chappe de toutes couleurs, avec le tronc de la
sacristie et un miroir doré : cette perte a été
estimée environ 300# la réparation de ce
vol en galons faux a été de quarante huit livres
dix sols. on a fait pour cela une quete dont le
produit a été de trente une livre seise sols.
Le procureur de la fabrique a fourni au reste.
dame Louise Marguerite Modeste de collasseau
damoiselle veuve et douairiere de messire
Pierre de terves chevallier seigneur de l'anjouaire
et d'Armaillé a fait present a l'eglise de la
Pouese d'un très beau galon d'argent fin pour
le devant d'autel. c'est dommage qu'il se soit trouvé
trop court."

La dernière phrase me ravit : humour involontaire ou petit coup de patte envers la vieille dame qui aurait quand même pu faire preuve de plus de générosité ?

Un nom a attiré mon attention, celui de son époux Pierre de Terves. Il me semble qu'il figurait déjà dans ma base de données. Effectivement, il était présent au mariage de mon ancêtre René Brossard, métayer dont il était le maître, avec Jeanne Citoleux, le 10 novembre 1727. Il fut également le parrain de leur troisième enfant (mais premier fils), René Pierre Brossard, baptisé en décembre 1732.

Pierre de Terves, décédé en décembre 1765, fut enterré dans une chapelle "collaterale au chœur" de l'église de la Pouëze(2), avec toutes les solennités d'usage (l'acte de sépulture occupe les deux tiers d'une page du registre). Son épouse, Louise de Collasseau, lui survécut presque vingt ans et décéda en mars 1785. Elle fut inhumée dans la chapelle Sainte-Anne(3), en présence de son fils aîné, de son gendre et de nombreux parents et amis qui signèrent le registre paroissial.

Il semblerait que l'église ait souffert durant les troubles de la Révolution et qu'un nouvel édifice ait été construit à l'emplacement de l'ancien au XIXe siècle. Peu de chances donc, de trouver trace de ces sépultures.

L'histoire ne dit pas non plus si le voleur fut identifié, ni ce qu'il fit de son butin.


(1) AD Maine-et-Loire La Pouëze BMS 1768-An III vue 80/403
(2) AD Maine-et-Loire La Pouëze BMS 1751-1767 vue 186/206
(3) AD Maine-et-Loire La Pouëze BMS 1768-An III vue 227/403

lundi 6 mai 2013

Pari tenu


Eh bien voilà, c'est fait, j'ai réussi à poster un billet par jour, du lundi au samedi, pendant tout le mois d'avril, et à trouver un sujet pour chaque lettre de l'alphabet. Ouf !

Source Photopin

Au passage, j'ai testé ma mémoire. Certains comptent les moutons dans l'obscurité en attendant le sommeil, je passais mentalement ma liste en revue : A comme abjuration, B comme broyeur de couleurs, C comme climat normand… et ainsi de suite jusqu'à ZZZZZ !

J'ai pleinement apprécié les outils fournis par les nouvelles technologies : consulter les sujets du jour, sur mon iPad, grâce à Scoop.it! et au wifi, dans un hall d'hôtel à Tokyo, c'est quand même quelque chose. Et pendant ces premiers jours d'avril, mes textes paraissaient gentiment à l'heure prévue, sans que j'aie à m'en soucier davantage (merci l'option "planifier").

J'ai lu avec plaisir les nouvelles parutions de mes blogs favoris et j'en ai découvert de nouveaux, tout aussi passionnants. J'ai tenté d'imaginer les hommes et les femmes qui se cachaient derrière leurs mises en ligne, je leur ai prêté une voix, j'ai regardé leurs illustrations et j'ai parfois fouillé un peu, pour découvrir les messages des mois précédents. Je n'ai pas encore tout lu (plus de 1200 textes, paraît-il), mais j'ai bien l'intention de continuer.

J'ai appris : sur les terroirs, sur les métiers (et même sur une fabrique de papier à cigarettes), sur les prénoms anciens, sur l'ADN mitochondrial, sur les pratiques des généalogistes d'aujourd'hui et sur les mœurs de leurs ancêtres, mille détails qui font le sel de ces recherches.

J'ai vérifié qu'une certaine forme de contrainte est un excellent stimulant, qu'avec un peu d'imagination je surmontais sans trop de mal les difficultés (j'ai finalement trouvé des sujets pour illustrer le K, le W ou le Z, qui m'inquiétaient au départ), que la pratique quotidienne est l'un des secrets de l'écriture…

Et puis, j'ai regardé d'un œil nouveau les données accumulées depuis quatre ans sur mes étagères et dans mon ordinateur. J'ai corrigé au passage quelques erreurs, exploité des informations qui m'avaient dans un premier temps échappé, poussé plus loin mes investigations, noté les sujets à approfondir… Bref, le bilan est plus que positif. Un grand merci à Sophie Boudarel, qui est l'instigatrice de ce défi.

Et c'est reparti pour de nouvelles aventures généalogiques. Un autre challenge est d'ores et déjà annoncé pour juin 2014, j'espère bien convaincre une ou deux amies (elles se reconnaîtront) d'y participer. D'ici là, retour à un rythme moins échevelé, je vous donne rendez-vous lundi prochain pour un nouveau billet.

Post scriptum : J'envisage sérieusement l'acquisition d'un correcteur orthographique et grammatical de qualité, histoire de ne pas laisser échapper ces petites imperfections qui me râpent les nerfs, on ne se refait pas !